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Intelligence, Liberté et … Équilibre ?

By | Published | 4 commentaires

Ça y est, La Cause des Chevaux avancent ! Je le sais car y a des bruits qui courent comme quoi, on peut faire encore mieux !

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous être penché sur la question du bien-être du cheval, soit pour améliorer ses performances et optimiser son quotidien ou bien tout simplement parce que nous n’avions pas le choix, que la relation et/ou son état de santé étaient devenus tellement mauvais qu’il a bien fallu comprendre pourquoi. C’est-à-dire comprendre l’espèce équine déjà dans ses besoins fondamentaux.

Le chapitre des besoins fondamentaux du cheval, on a besoin d’y revenir régulièrement. C’est même ce qui nous permet de savoir si ce que l’on propose à nos chevaux est acceptable. N’importe qui, qui compte fréquenter les chevaux a tout intérêt à se former très sérieusement sur le sujet parce que :

1 – c’est la base ! et tout ce qui va se construire derrière  menacera de s’écrouler à tout moment si les fondations sont fragile.

2 – ce n’est pas suffisant ! mais qu’on a besoin de cette base quand même pour que le reste tienne.

Donc on fait quoi une fois qu’on a des chevaux et qu’on maitrise à peu près les fondamentaux ? Qu’est ce que ça veut dire, ce n’est pas suffisant ?

En fait, j’entends par là quelque chose que Marthe Kiley-Worthington m’a rappelé lors de notre  rencontre au festival des arts équestres libres. Je voudrais aussi l’enseigner à mes élèves, le partager avec mes collègues et l’avoir toujours en veilleuse en moi même quand je suis avec des chevaux. C’est donc la question de la qualité cognitive du travail qu’on propose aux chevaux dont il s’agit. C’est logique, non ? Qui n’a pas eu envie de se pendre ici, lorsqu’il s’est profondément ennuyé sur les bancs de l’école (ou même encore certains au travail, on parlerait de bore out …) ? Ou voir profondément découragé quand la tâche lui parait insurmontable ?

On ne parle pas encore d’observables quantifiables dans le bien-être (encore que les mimiques faciales sont toujours d’un précieux secours quand on passe à un niveau de lecture plus en finesse des chevaux), mais il faut avouer que la question de la qualité cognitive du travail proposé aux chevaux a le mérite qu’on s’y attarde. De mon côté, ce type de réflexions me catapulte d’office dans mon besoin compulsif de définition en terme éthique et philosophique. Et très vite je m’interroge sur ce qu’il est possible avec les chevaux, et forcément, les notions d’intelligence et de liberté émergent.

Sortir de son pré, 1ère étape

Si le lieu de vie de vos chevaux est de qualité, c’est déjà énorme, même si ce n’est pas suffisant ! La stimulation de la nouveauté n’a pas son pareil. Je n’ai jamais entendu un seul horseman ou cavalier fiable dire qu’il ne sortait pas ses chevaux en extérieur. Les chevaux ont en eux cette quête exploratoire, il faut en profiter, la stimuler, même un petit peu, c’est déjà ça. Ça veut dire aussi essayer de découvrir d’autres chemins, ne pas toujours emprunter LE même. C’est vrai, c’est pas pratique … Mais vive l’aventure !

Intelligence, de quelle forme ?

Il semble judicieux de repérer rapidement la façon dont il est souhaitable de s’adresser à certains chevaux, si ce n’est même bien-sûr que de  repérer qu’elle forme d’intelligence le cheval utilise. Certains préfèreront verser dans un travail plus délicat, avec quelques énigmes biomécaniques, d’autres ne seront carrément pas effrayé d’aller enchaîner un CCI ***, ou encore certains apprécieront débarder les forêts. Pourvu que vous sachiez vous y prendre, l’adéquation entre le talent et la proposition, c’est un point de départ. Ou au minimum, ne pas avoir des exigences délirantes à l’égard de son compagnon.

On parle donc de différentes formes d’intelligence. Et pas d’un cheval qui serait plus ou moins intelligent (toujours pareil pour les humains aussi, si vous me suivez). J’ai rencontré des individus qui étaient carrément bon dans ce qu’il faisait et d’autres qui ne semblaient, mais alors pas du tout à leurs places. On pourrait essayer de repérer qui sait/peut/veut faire quoi ? Plutôt que de conformer directement les chevaux à notre désir.

De la variété

Même après avoir trouvé son truc, notre cheval aura toujours besoin d’un minimum de variété dans le travail. Autant la prédictibilité peut-être rassurant pour un animal de proie mais elle n’étanchera jamais sa soif d’exploration. C’est valable dans l’enchainement des séances de travail, mais au sein même d’une séance de travail. L’humain est parfois opiniâtre et peut avoir un naturel acharné quand il tombe sur un os. Et ça arrive avec les chevaux. Si ça coince, on varie, soit la demande soit les aides pour demander ou on fait carrément autre chose. Ce qui ne constitue en aucun cas un échec, on peut même marqué des points positifs pour nos chevaux.

Du temps

Quelle part de notre temps consacrons nous à des activités stimulantes ? Est-ce quotidien ou hebdomadaire ? Les chevaux en conditions naturelles se trouve certainement dans des environnement plus stimulant que les nôtres. Mais il n’empêche que si la stimulation est là et de façon régulière, les chevaux font la queue pour sortir du pré et aller au manège ou en balade … Si la fréquence devient fiable, le cheval l’intègrera dans le panel de possibilités de son environnement (oui, c’est un compliment qui veut dire qu’on fait parti de la vie de nos chevaux !).

Du propos

Et la qualité du propos dans tout ça ? Ben oui, le fond et la forme. Le fond c’est le propos, la forme serait les aides et la discussion, la communication qui nait de l’homme et du cheval. Mais encore faut-il avoir une proposition qui colle au cheval, à son tempérament, à son âge, son expérience. Et le propos doit être sacrément ajusté, pour sûr ! On a l’air assez prétentieux déjà aux yeux de certains en exigeant d’eux qu’ils soient des athlètes alors que nous ne le sommes pas, de travailler le rassembler quand le cheval n’a même pas suffisamment alléger sont avant -main ou simplement de monter aux 3 allures alors que la communication à pied n’est même pas débrouillé avec nous même. Toutes ces propositions violemment à côté de la plaque (ou même parfois nos erreurs de gens de chevaux consciencieux) ne s’adressent plus à l’intelligence du cheval. Et c’est dangereux.

Dangereux car moi humain de 55 kg je n’ai pas la prétention de te maîtriser toi cheval qui en fait 550. Je remets plus ma sécurité en ta volonté de me comprendre en cas d’urgence, de t’appuyer sur mon jugement et en la qualité de notre communication.

 

 

 

Liberté

Notion fluctuante et jamais acquise pour toujours. La question du choix.

Je crois qu’on est plusieurs dans le milieu à dire qu’il vaut mieux que le cheval sache dire non et que quoiqu’il arrive il sera entendu. C’est considérer son intelligence et son jugement, non ? Ça ne veut pas dire que je ne vais pas négocier sur la question, mais j’évite de prendre mon équidé pour une andouille en ignorant parfaitement ce qu’il m’a dit. Il a ses raisons de cheval, j’ai mes envies d’humain, on peut faire des trucs chouettes ensemble quand même. Crucial point que celui de la liberté car il rime avec vérité. Libre de bouger, de s’exprimer, avoir le choix, ne pas avoir le choix, ajourner sa liberté un temps pour gagner en solidité plus tard. C’est bien humain tout ça, pourtant. La liberté j’en laisse parfois et des fois non, c’est vrai. Les chevaux savent bien d’ailleurs faire la différence. Je suis rarement déçu de ce que j’apprends quand je me laisse de la liberté avec les chevaux. Ce qui tient aussi en liberté, c’est notre vraie relation avec eux, et, et, la qualité de notre équilibre partagé !

Équilibre

Et voilà, c’est pourtant simple la question de l’équilibre. Des besoins primaires satisfaits, une intelligence reconnu, un sensibilité repérée, un besoin de liberté respectée. Et même avec tout ça, comme la liberté, il n’est pas garanti pour toute la vie. Et si il s’agit de conditions sine qua none, ce n’est même pas garanti d’atteindre l’équilibre. Il faut aussi une bonne dose de techniques, qu’on peut sublimer par l’amour comme dit le maître Nuno.

La bonne nouvelle, c’est que personne n’est fait pour vivre constament dans la joie et l’équilibre, l’expérience de la frustration et de la peur fait partie de la vie au même titre. Donc expérimentons avec nos chevaux.

Et un merci particulier Marthe Kiley-Worthington qui m’a inspiré ces quelques lignes.

4 Responses

  1. Morgane dit :

    Très bel article, que je trouve tout en finesse ! ;D

  2. Malmasson dit :

    Coucou aurore. C est chouette de te retrouver ici dans ces lignes. Je. Mis que nos inspirations sont les mêmes 😊Bravo poyr ton engagement. Bises eva

  3. Oh merci pour cet article… La seule fois où j’ai osé formuler que ma jument préfère travailler les stimulations intellectuelles et pas tellement la biomécanique on m’a prise pour une folle et une idiote soit en m’accusant de mal faire soit en cherchant absolument une autre raison mais… Non, elle n’aime juste pas énormément bouger ou se focaliser sur son corps, même dans le parc, elle bouge mais elle préfère la stimulation pure qui va la faire penser, donc des exercices comme des puzzles, l’apprentissage de la discrimination des formes, etc. aux exercices où elle doit bouger son corps et apprendre à faire ci ou ça avec son corps. Je ne suis donc ni folle ni idiote… (et bien sûr comme préconisé dans l’article je fais de tout avec mais voilà, elle préfère un truc moins physique, comme ce que j’ai cité ou le TREC que le dressage par exemple…). Eh bien… Le point premier de cet article était plus que pertinent, il nous reste encore pas mal à apprendre, à voir et à diffuser parce que ce qui est écrit ici n’était pas pensé par ce groupe pourtant bien calé en cognition et éthologie…

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