Aller au contenu

PERCEPTION CHEVAL-CAVALIER

By | Published | 5 commentaires

Lors d’un stage, une élève se demandait comment les chevaux pouvaient percevoir et sentir le cavalier monté.

J’ai trouvé la questions si intéressante, que je décide de partager ça ici avec vous. Je pense même qu’on pourrait, nous autre enseignant, en parler un peu plus, non ? En fait la connaissance du cheval, c’est LA guideline de notre travail avec eux.

Les toutes premières questions qu’on peut traiter, c’est quelle expérience sensorielle peut faire le cheval du monde en général : son UMWELT à lui (univers sensoriel propre à chaque espèce : celui des humains étant différent du chat, lui même différent d’une orque par exemple !).

Son sens de la VUE : le cheval à une vision binoculaire qui lui permet de voir quelque peu mieux en détail mais son champs est assez réduit. En revanche sa vision monoculaire, couvre un champs BEAUCOUP plus large, allant de chaque côté de son profil de tête jusqu’au côté sa cuisse pour un premier plan. Et la profondeur de champs de sa vision monoculaire est évidemment bien plus lointaine que la nôtre.

Son axe optique est orienté vers le bas

csm_champ_de_vision_du_cheval_c267e691ea

Son sens de l’OUIE : des oreilles très mobiles, une aire auditive proche de celle de l’humain, et qui couvre bien la voix de l’humain. Mais le cheval perçoit également des ultras-sons inaudibles pour nous.

Son sens du GOÛT : pomme, carotte LA base ! Plus sérieusement, les recherches ne sont pas très étendues à ce propos mais on sait au moins que le cheval discrimine le salé, sucré, acide et l’amer. Dans un espace diversifié, on l’observe consommer et goûter plusieurs types de végétaux.

Son sens de l’ODORAT : des gros naseaux, un bulbe olfactif cérébral volumineux, un organe voméro-nasal qui provoque des flehmens ( retroussement de la lèvre supérieure pour capturer une odeur dans la cavité nasale). En comparaison du nôtre, ce sens est bien plus élaboré chez le cheval.

Son sens du TOUCHER : une peau plus fine que celle de l’homme, des muscles peauciers  que nous n’avons pas et des zones comme le garrot parfois plus sensibles que le bout de nos doigts ! Excusez-moi du peu mais, si l’on considère que le toucher est prépondérant dans l’équitation, je crois qu’on va tâcher de ne pas l’oublier.

skin-3

Source : https://www.horsetalk.co.nz/2015/03/25/whip-use-horses-more-sensitive-pain/

Il est primordial d’avoir accès à des informations mais encore faut-il les exploiter ensuite, en terme de réflexion et de pratique équestre. Comment réfléchir avec ces infos, qu’est-ce que ça signifie pour la compréhension des chevaux dans  notre travail monté ?

Au regard de ce qui précède, le cheval lorsque nous sommes sur son dos, ne nous voit donc que de façon très partielle. Cela signifie donc, que sont champs visuel est plus libéré en selle que lorsque nous sommes à pied. C’est chez certain chevaux un avantage.

cropped-img_77942.jpg

Il évolue également dans un univers auditif  duquel il ne se coupe pas ou peu, dans lequel notre voix peut bien s’insérer, puisqu’il la percevra facilement monté. Je fais personnellement le choix de l’utiliser par moment, en fonction des situation. Je reste tout même plus encline à un travail silencieux avec les chevaux qu’un flot de verbiage qui n’aura plus de sens pour le cheval et qui pourrait ressembler à une station de radio mal réglér qui cassent les oreilles plus qu’autre chose.

La position des oreilles dans le travail sous la selle ? Je remarque les fois où mes chevaux se livrent et se dédient le plus dans le travail sont les fois où les oreilles seront mobiles et/ou sur le côtés. Elles sont plus souvent pointées en avant dans les moments d’exploration en extérieur.

En terme relationnel, l’odorat a aussi son importance. Les sécrétions hormonales variées que nous émettons sont en effet perceptibles par les chevaux.

Et le toucher … Si il s’agit du vecteur de prédilection de notre communication avec les chevaux monté, je crois qu’on a intérêt à bien savoir ce que l’on fait.

Que perçoit réellement le cheval au niveau tactile du travail monté ? TOUT ! Absolument TOUT.  Et si il ne sent pas ou plus, une aide, du matériel,  on a un problème.

L’INTERFACE entre le cavalier et sa monture, le cheval va sentir sur son corps :

– le matériel, TOUT le matériel : le tapis, la selle, la sangle, les étriers-étrivières, la bride sur toute sa surface au contact, les rênes sur son encolure… Ce matériel  sur le cheval, il repose sur des zones plus ou moins sensibles, en fonction de leur localisation et des individus

– le poids total du cavalier

– son orientation

– son équilibre et ses déséquilibres

– l’usage des aides du cavalier

– etc. Les directions que peuvent prendre la perception du cavalier par le cheval sont vastes.

Si l’on se pose la question de comment le cheval perçoit son cavalier au 21ème siècle, je retiendrais certainement 3 choses essentielles qui m’aident réellement au quotidien avec les chevaux :

  • la conscience quasi-constante de l’ensemble de leur univers sensoriel
  • la posture et le fonctionnement du cavalier . Qui demandent du travail, de l’investissement, du temps.  Nous sommes responsable de l’empreinte que nous laissons sur CHAQUE cheval que nous montons : que ce soit un brave cheval d’école pour le plaisir de notre instruction équestre, notre propre cheval, un cheval confié au travail, un cheval de randonnée ou un cheval de grand prix. La même attention pour TOUS et le cavalier adulte doit être humain responsable de sa propre posture (au delà du fait qu’il faille trouver les enseignants compétents pour se former).
  • le matériel : trop de cavalier semblent encore se trouver bon nombre de frein à l’usage éclairé de l’ergonomie équestre, en particulier le saddle fitting, puisque la selle est l’interface entre le cheval et son cavalier. Trop cher, trop difficile, trop contraignant. Les solutions en terme de briderie et de sellerie existent, quelque soit le budget que l’ont possède. Il FAUT chercher, et ne pas se contenter de matériel où le cheval -et le cavalier- ne seraient qu’à moitié confortable.

 

Retenons l’impermanence des choses qui nous invite à remettre régulièrement en questions nos habitudes, notre fonctionnement, notre vie matérielle…

Ce qui vaut un jour ne vaut pas toujours !

Sources :

Michel-Antoine Leblanc, L’esprit du cheval, Belin, 2010

https://www.horsetalk.co.nz/2015/03/25/whip-use-horses-more-sensitive-pain/

https://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/comportement-ethologie-bien-etre/comportement-naturel/monde-sensoriel-du-cheval.html?L=0

5 Réponses

  1. Barbara Edelmann dit :

    Très bon article et super sujet ! Je rajouterais que le cheval sens notre énergie et l’état émotionnel dans lequel on est, qui peut se traduire physiquement d’ailleurs… Ce qui est souvent imperceptible pour l’humain mais jamais pour le cheval. 🙂

  2. Roussel dit :

    Article.intéressant et synthétique. J’ai remarqué une petit coquille dans le sens de l odorat: retroussement de la lèvre SUPERIEURE.

  3. Celine dit :

    “Son sens du GOÛT : pomme, carotte LA base ! Plus sérieusement, les recherches ne sont pas très étendues à ce propos mais on sait au moins que le cheval discrimine le salé, sucré, acide et l’amer. Dans un espace diversifié, on l’observe consommer et goûter plusieurs types de végétaux.”
    –> La Médecine Traditionnelle Chinoise nous explique que chaque organe a sa saveur dédiée, et ce associé aux saisons. Si les chevaux et “normalement” les humains mangent certaines herbes, et aliments à certaines saisons, c’est tout simplement que ces herbes répondent à un besoin physiologique de l’organe auquel elles sont associées dans leur saveur. Et tout ceci pour maintenir un équilibre énergétique global et être en bonne santé…. 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire !