By Aurore Fougeray | Published | Aucun commentaire
Qui sait aujourd’hui ce qu’est le yoga ?
Le yoga vit un véritable phénomène de mode dans le monde moderne. Et c’est tant mieux, je fais partie des gens qui pensent que ça devrait être obligatoire et les lignes qui suivent n’engagent que moi , sont des considérations personnelles sur le sujet et ne représentent en aucun cas un jugement de valeur sur mes collègues, confrères, consœurs et leurs pratiques.
Pourtant, qui sait réellement ce qu’est le yoga ?
Sa racine YUJ signifie en sanskrit :
Pas mal, non, pour communiquer avec les chevaux ? Revenons tout de même au yoga.
Au-delà de l’aspect gymnique, le yoga est l’un des 6 systèmes orthodoxes de la philosophie hindoue et une des branches de l’Ayurveda (=science de la vie, conscience du vivant, art de la longévité, c’est la médecine traditionnelle indienne, merci à Sophie Daveau pour ses éclairages en la matière). Philosophie et médecine … La datation du Yoga remonte à environ 4000 à 5000 ans en fonction des sources. Le yoga apparaît également une première fois dans le Mahâbhârata , cette grande épopée hindoue, où le héros mort au combat passe au statut de divinité en traversant le soleil, transporté dans un véhicule nommé Yoga (environ 200 ans avt JC – 100 ans après JC). Et par la suite, dans les strates tardives du Mahâbhârata (100-200 après JC), il n’est pas rare de croiser de nombreux ascètes et yogis, dans les milieux bouddhistes, hindoues et jaïns.
C’est en tout cas Patanjali (environ 325 après JC) qui nous propose dans son Yoga-Sutras 195 aphorismes qui ont coordonné, compilé et systématisé le yoga que nous connaissons aujourd’hui. L’enseignement du Yoga dans les Sutras codifie une pratique traditionnelle d’une très grande ancienneté. Voilà déjà pour les débuts du yoga.
On parle donc d’une pratique très ancienne, qui s’inscrit dans un système de philosophie et de santé issue d’une civilisation sensiblement différente de la nôtre. Au-delà du phénomène de mode, il y a quelque chose d’universel dans le yoga qui nous tient, nous les apprentis yogis débutant occidentaux, dans la pratique, parce qu’elle fait sens.
Elle a en tout cas fait sens pour moi grâce aux chevaux d’abord. Mon cheval qui s’était blessé à l’époque était au repos et je trouvais intelligent de me prendre en charge durant les semaines de sa convalescence pour être en pleine forme lors de sa remise en route. A l’époque, l’équitation représentait ma seule source d’activité physique ou presque. Il me fallait toute de même trouver une pratique physique qui revête en plus un aspect, disons philosophique. Tout comme le cheval. Donc grâce à mon Pur-Sang, j’ai poussé la porte de mon premier cours de yoga.
La suite, on la connaît, ça ne s’est pas arrêté.
Quel secours trouve-t’ on dans le yoga en tant que personne de cheval ? Le sujet est tellement vaste qu’il faudrait un livre, une vie, plusieurs même pour traiter la question. Pour faire simple, on peut dire que le yoga, qui a trouvé sa place dans la société hindouiste pour des raisons de paix sociale, en passant par la paix et la liberté des individus, nous guide vers la connaissance de nous-même ( l’intérieur et l’extérieur de notre corps, notre esprit, nos émotions, notre intelligence, notre âme), apporte suffisamment de maîtrise à quiconque le pratique avec discipline et sincérité.
La maîtrise, la conscience, l’apprivoisement de soi même face aux chevaux semblent des qualités incontournables pour les fréquenter, et pourtant … Nul n’est parfait et encore moins en permanence. Le yoga et les chevaux nous enseignent très justement comment nous adapter à l’impermanence des choses.
Convoquez le souvenir de votre dernière interaction avec un ou des chevaux. Très probablement, en tout cas je vous le souhaite, vous étiez complètement à ce que vous faisiez avec eux, avec aucune pensée parasite venant s’immiscer entre vous. En yoga, Patanjali désigne cet état, il parle du yoga même en fait, comme étant « Citta vritti nirodhah », l’arrêt des fluctuation du mental.
Parfois il se passe le contraire avec les chevaux, vous pourriez être en train de scénariser comment les choses pourraient mal tourner, ou être accaparé par un événement extérieur qui va vous couper de votre état de présence. Étudier les asana, posture de yoga, pourraient déjà nous ramener à notre état de présence. Bref, la liste des parallèles et des analogies est bien longue.
Et malgré ça, je vois beaucoup de choses autour du yoga et des chevaux. Et je suis gênée. Déjà parce qu’en tant qu’observatrice avertie, je peux affirmer qu’une grande partie des chevaux s’ennuient, ou se coupent de leur état de présence. Le cheval vit assez mal d’être utiliser comme un support, ou en tout cas pas tout le temps et nous force toujours à le traiter comme un être vivant et un partenaire. Le système yoguique appartient au monde des humains, il fait appelle à nos facultés cognitives, à NOTRE univers.
Pour être avec les chevaux, je préfère, merci Claire des Chevaux d’Arcand, « leur emprunter un moyen de communication pour entrer en relation avec eux ». Le cheval a en effet son univers proprioceptif propre à son espèce, on appelle ça le UMWELT en éthologie. On a déjà de quoi savoir se comporter si on apprend à observer les chevaux,. Le yoga peut en revanche nous fournir des outils redoutables pour tout mettre en œuvre et faire face à beaucoup de situations avec les chevaux. Un belle différence quand même, non ?
Travailler en yoga pour être accepter des chevaux, faire usage de discipline avec soi en restant bienveillant et s’apprivoiser appartient à l’humain. J’aime toujours l’idée de bosser de mon côté avant d’aller travailler avec mon cheval, qui a parfois une longueur d’avance en qualité de présence et d’ aptitudes physiques.
Jusqu’à présent, on ne parle que du savoir-être avec les chevaux. Mais le savoir-faire qu’offre l’équitation à autant sa place dans nos relations avec les chevaux, au même titre que l’action et le passage à l’acte a une place de choix dans le yoga (karma yoga).
J’aime l’idée de la nouveauté et de la modernité si et seulement si elles améliorent notre condition, ET ce, réellement, durablement, profondément, en se prévalant de l’illusion.
Une part de moi éprouve une admiration profonde pour la pureté des pratiques, yoguiques ou équestres, quand elles sont respectueusement le vecteur d’une sagesse ancestrale (et non d’obscurantisme) qui va dans le sens de l’humain et du cheval. C’est Patanjali et BKS Iyengar qui forcent mon humilité, c’est Nuno Oliveira et les amérindiens qui forcent mon admiration pour leur dévotion et leur discipline avec les chevaux. Et ils y sont passés avant nous.
User de l’existant, du primaire, de l’essentiel, si il fonctionne, s’il est cohérent pour le cavalier et le cheval , il n’y a rien de mal à ça …
RDV dans un prochain article pour : Yoga et Equitation, Partie II, où l’on rentrera concrètement dans la pratique du yoga et de l’équitation.
Biblio :
Lire la suite : Yoga et équitation, partie 2
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